Posséder un socle de connaissances solides concernant les usages de la langue française et faire preuve d’une véritable appétence pour tout ce qui a trait aux mots et à l’écrit sont des prérequis évidents et indispensables pour se former au métier de la lecture-correction.
Pour autant, lorsque je me suis lancée dans cette formation auprès de l’École française de lecteur-correcteur (EFLC), je n’imaginais pas tout ce que j’allais encore découvrir et surtout, que l’une des premières choses qui allait m’être enseignée, c’est que pour devenir un bon lecteur-correcteur, il faut justement partir du postulat qu’il n’est objectivement pas possible de maîtriser l’ensemble des normes et des subtilités. Il faut alors apprendre à déceler les fragilités, identifier les zones potentielles de pièges, ressentir l’éventuel inconfort de lecture, pour être ensuite en mesure d’apporter la solution appropriée ou proposer une alternative.
Le frère, l’amie, l’oncle, la collègue de bureau à qui l’on demande une relecture ne sont pas initiés à cette approche, et si la démarche est suffisante et présente sans conteste toute sa pertinence pour un certain nombre de supports écrits personnels ou professionnels, elle atteint à un certain niveau ses limites. Car le lecteur-correcteur, lui, sait ce qu’il doit chercher et où le chercher, ce qu’il doit trouver et où le trouver ; le « comment » est essentiel également, car la lecture-correction est avant tout au service du texte, dans un respect absolu du travail de l’auteur.
Le lecteur-correcteur est, par ailleurs, un lecteur qui a conscience des biais cognitifs de lecture, c’est-à-dire du fait que lorsque nous lisons, l’œil corrige automatiquement les fautes, et nous ne les voyons alors pas. D’où notamment la difficulté à s’auto-corriger. Le lecteur-correcteur est éduqué à une lecture différente, à porter un autre type de regard. Il se donne un objectif de lecture très clair et adopte une posture de doute.
Je vais vous confier un secret. Le lecteur-correcteur possède des outils
magiques : des lunettes qui voient ce que les autres ne voient pas, un
passe-partout déverrouillant de multiples sources d’informations , une cape
d’invisibilité (le travail du lecteur-correcteur ne se remarque que lorsqu’il
est mal fait). Mais cela reste entre nous…