Swimrun et trail : ces deux types de course ont en commun de se pratiquer dans un environnement naturel qui comporte une variété de topographies. Leurs noms parlent d’eux-mêmes : le swimrun a pour caractéristique l’alternance entre la nage en eau libre et la course à pied sans changer d’équipement, quand le trail – qui signifie « piste, chemin » en anglais – est une version tout-terrain de la course à pied qui implique de nombreuses variations de rythme compte tenu des reliefs accidentés et des dénivelés positifs.
Dans le swimrun comme dans le trail, les athlètes doivent s’adapter au terrain. C’est donc l’expérience vécue qui compte avant tout, plutôt que les valeurs normalisées telles que la distance, la cadence ou le pouls.
Contrairement au trail, le swimrun se court en binôme, « pour le meilleur comme pour le pire ». Doris, 36 ans, guide de snorkeling, en sait quelque chose. Elle a à son actif un swimrun de 11,55 km ainsi que deux de 12,5 km et un de 35 km auxquels elle a participé dans le cadre du XTerra de Moorea (Polynésie française). [Le XTerra est une structure privée qui organise à travers le monde, à destination des professionnels comme des amateurs, des compétitions regroupant trois disciplines : la nage, le VTT et le trail. ‒ Note de votre lectrice-correctrice]
Dans ce même cadre, Albéric, directeur technique de 48 ans, a couru quant à lui trois trails, deux de 10 km et un de 21 km, avec des dénivelés positifs allant de 480 m à 1 000 m. Il se laisse gagner par le fameux « esprit trail », fondé sur la solidarité dans la galère, le respect de la nature, l’humilité et la persévérance.
Votre lectrice-correctrice ‒ Quelle place tient le swimrun/le trail dans ta vie ?
Doris ‒ J’étais une nageuse de bassin en métropole. Mes amis nageurs participaient à des swimruns et je m’étais toujours dit qu’un jour, il faudrait que je tente, même si la course à pied ce n’est vraiment pas mon truc. En arrivant en Polynésie, pas de piscine, que le lagon pour terrain de jeu. Si je voulais continuer à nager, je n’avais pas d’autres choix que de me mettre à nager en eau libre Et pourquoi pas s’essayer au swimrun, seule course avec de la nage à Moorea ? Aujourd’hui, on peut dire que c’est mon rendez-vous sportif de l’année.
Albéric ‒ J’ai toujours aimé les balades et les courses en pleine nature. En arrivant à Moorea, j’ai découvert un terrain de jeu assez exceptionnel. Cette année, je m’entraîne davantage et de manière plus cadrée pour pouvoir participer à plus de courses.
Votre lectrice-correctrice ‒ Qu’est-ce qui te fait courir un swimrun/un trail, qu’est-ce qui t’anime ?
Doris ‒ L’ambiance dans la course est simplement ouf. Le parcours est magique. L’envie de se surpasser couronne le tout. Je m’entraîne pour pouvoir apprécier ma course et m’étonner de mes performances.
Albéric ‒ J’aime aller courir en montagne. Le côté nature, les paysages, la tranquillité. Lorsqu’on arrive sur les points de vue, on est récompensé de l’effort.
Votre lectrice-correctrice ‒ Un mot pour définir ce que représente le swimrun/le trail pour toi. Pourquoi ce terme ?
Doris ‒ Challenge. C’est un vrai défi pour moi que de faire d’aussi grandes distances, notamment en course à pied et en trail, qui ne sont pas du tout des sports dans lesquels je suis particulièrement performante et à l’aise.
Albéric ‒ Performance. C’est un environnement de course difficile, compte tenu du terrain accidenté. Progresser dans la performance physique et me dépasser.
Votre lectrice-correctrice ‒ À quoi pense-t-on pendant de telles courses ?
Doris ‒ Lors d’un swimrun, mon côté compétiteur prend le dessus. Je pense à ne pas être « dans le rouge » pour pouvoir aller jusqu’au bout, à mon co-équipier soit qui doit m’attendre, soit que je dois attendre, à prendre le temps aux points de vue quand même parce que c’est magnifique, et à faire attention au temps pour éviter qu’on se fasse cuter aux limites de temps.
Albéric ‒ Je suis focus : fréquence cardiaque, ravitaillement, pièges des racines ! Suivre mon indicateur de performance, savoir alimenter mon corps pour tenir sur la durée, éviter les risques de blessure.
Votre lectrice-correctrice ‒ Ton meilleur souvenir de swimrun/trail ?
Doris ‒ Mon premier swimrun l’année dernière. Je pensais y aller doucement pour voir mon niveau et être sûre de terminer la course. Finalement, mon co-équipier a commencé fort au début du parcours et j’ai suivi ! Nous sommes arrivés en position de cinquième équipe mixte, avec un temps plutôt bon ! Une belle performance pour une première.
Albéric ‒ Lors de mon installation à Moorea, j’ai pu constater qu’au bout de seulement trois mois d’entraînement, j’étais déjà capable de monter d’une traite un dénivelé positif de 500 m. C’est une sensation qui m’est restée.
Pendant l’entraînement du 21 km : l’arrivée au col de Vaiare avec la vue sur l’océan, sur Tahiti et sur la caldera de Moorea.
Votre lectrice-correctrice ‒ Une mauvaise expérience ?
Doris ‒ Mon swimrun de cette année. J’ai mal choisi ma co-équipière et nous n’avons pas pu finir la course dans les temps. Une grosse frustration mais qui rappelle bien l’objectif de cette épreuve : l’équipe, la cohésion. Je choisirai mieux ma ou mon partenaire l’année prochaine !
Albéric ‒ Pendant le trail de 21 km du XTerra de Moorea : une élongation musculaire douloureuse au niveau de la cuisse, au moment de la ligne d’arrivée. Le fait d’avoir forcé sur la fin pour ne pas me laisser dépasser dans les derniers mètres... Le lendemain, je participais aussi aux 10 km et il m’a fallu courir en préservant ma cuisse et en sollicitant davantage l’autre jambe, surtout dans les descentes. Cela m’a valu un claquage de deux ligaments à la cheville à 4 km de l’arrivée ; j’ai terminé la course mais je n’ai pas atteint la performance escomptée.
Votre lectrice-correctrice ‒ Une anecdote ?
Doris ‒ Je n’en ai pas encore…
Albéric ‒ Un lancer de barre énergétique pendant les 21 km ! Lors de la montée des Trois cocotiers, 200 m de dénivelé en lacets, après 15 km de course, je n’arrivais plus à mâcher ma barre énergétique. J’en avais des douleurs dans la mâchoire ! C’est tellement sec, tellement dense… J’ai fini par sortir la boulette de ma bouche et la faire voler en direction de l’océan. La délivrance !…
Votre lectrice-correctrice ‒ « La vie est une course » : qu’en penses-tu ?
Doris ‒ Je dirais plutôt « la vie est une aventure ». Avec son lot de surprises, ses montées et ses descentes. Comme les swimruns pour moi, c’est une aventure, un parcours varié en équipe !
Albéric ‒ Je ne suis pas tout à fait d’accord. Pour moi, la vie est plus une randonnée qu’une course. Il faut tenir sur la distance ; la vie, ce n’est pas un one shot comme la performance que l’on recherche pendant une course. Il faut prendre le temps de regarder ce qui se passe autour de soi, de profiter de sa famille et de ses proches.