Dans un précédent article (« Les œuvres murales urbaines de Papeete », 19 avril 2023), j’ai eu le plaisir de vous présenter un aperçu des œuvres d’art à découvrir au détour des rues de la capitale polynésienne, issues des cinq premières éditions du Ono’u Festival Tahiti (2014-2018).
En l’espace de ces cinq premières années, ce festival d’envergure mondial est devenu l’un des plus grands évènements d’art urbain de la région Pacifique et un rendez-vous culturel annuel populaire en Polynésie française. Certains immeubles et façades vieillissants de Tahiti, Raiatea et Bora Bora connaissent une véritable cure de jouvence grâce au travail des artistes invités.
Si chaque édition est un véritable défi logistique pour sa fondatrice, Sarah Roopinia, le festival Ono’u valorise depuis ses débuts la culture polynésienne et ses valeurs. C’est un message artistique, culturel et fédérateur qui est envoyé à la population mais aussi aux touristes.
Depuis 2019, cet art de rue s’est mis au service du logement social. Pour sa sixième édition, le festival Ono’u s’est en effet associé à l’Office polynésien de l’habitat (OPH) pour créer une édition spéciale sur ce thème. Contrairement aux années précédentes, il s’est éloigné du centre-ville et sept fresques ont été réalisées sur des bâtiments OPH, venant égayer les murs ternes et abîmés de quartiers plus modestes. Grâce à cette association avec l’OPH, le festival a pu bénéficier pour la première fois d’un budget pour le financement du matériel et l’indemnisation des artistes.
En 2021, le festival Ono’u est revenu en force sous un format 100 % local et inédit car composé outre d’une première partie murale, d’une seconde partie consacrée à la sculpture. Une nouveauté qui a permis d’enrichir l’offre culturelle proposée aux résidents de Tahiti et aux visiteurs mais aussi de valoriser les compétences pluridisciplinaires et la créativité de six jeunes talents locaux professionnels ou émergents.
Lors de la huitième édition, qui marque le retour des invités internationaux, six artistes locaux ainsi que trois artistes internationaux reconnus dans le monde entier pour leurs innovations en matière de fresques 3D ou de photoréalisme ont eu à relever le défi de peindre 3 000 m² de fresques sur les thèmes de la protection des océans, de la préservation de la biodiversité et des légendes polynésiennes. En cette année 2022, le festival s’est déplacé jusqu’à Makatea, dans l’archipel des Tuamotu.
Après la protection des océans, le festival Ono’u se tourne en 2023 vers les splendeurs de la terre. Cette neuvième édition a été lancée le 27 avril dernier pour six mois. Les quatre artistes locaux et les trois artistes internationaux retenus pour mettre à l’honneur la biodiversité locale ainsi que la mythologie et les richesses de la nature polynésienne parcourent Tahiti, Huahine et les îles Marquises.
Grande nouveauté : le festival s’envole jusqu’à Paris ! Le projet porté par l’office du tourisme de Paris et le musée olympique est ouvert au public depuis la rentrée de septembre. Pour l’événement, Sarah Roopinia a été conviée à prendre part à la scénographie de l’espace au nom du festival Ono’u et a invité trois artistes polynésiens de son réseau à exposer à Paris pour la première fois ; ensemble, ils représentent la Polynésie française au sein de cette vitrine culturelle unique au cœur du dispositif des JO Paris 2024. Ouvert jusqu’en décembre 2024, l’espace accueillera également aux mois de mars et avril 2024 une exposition temporaire célébrant le surf, l’art et la culture polynésienne.
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Crédits photos : TNG-Ono'u / Ravage / Manea Mazet